La construction, toujours cette idée qui revient. Vivre un jour après l’autre, un jour semblable à l’autre, non, c’est la mort, la négation de l’existence, l’abandon de la volonté. L’important, la motivation, l’envie, c’est la construction visée, ce que l’on crée élément après élément, des mois durant. Le temps passe, si l’on n’y prend garde on a tôt fait de le perdre. Mais se dire qu’aujourd’hui l’on est plus loin qu’hier, voila l’illusion qui permet d’avancer.
Des désirs simples, des envies absolues ; ici un mariage, le choix de la personne unique, l’union éternelle ; là une maison à bâtir de ses mains, son propre lieu ; un jardin, la création de sa propre survie ; l’enfantement, créer ces êtres qui soient elle et soi, la fusion qu’on ne peut assouvir initialement, leur donner l’éducation qui les rendra autonomes, les… construire, on en revient toujours au même.
Maîtriser, posséder, se renforcer par ces sentiments. Un livre, une saga, l’expression fantasmée, toute la richesse d’une imagination couchée sur le papier, toutes ces scènes, faire toute cette beauté ; le violon, l’instrument noble par excellence, toutes les gammes de l’expression, cette empreinte de féminité ; courir, la force, l’autonomie, comme ce qu’était l’humanité il y a 40 000 ans, des coureurs, des hommes sains, des machines impeccables, tellement puissantes, la solitude de la course, avec soi-même, cette intimité, se retrouver, ressentir le bien-être ; l’expression humaine, dans la danse, l’opéra, les concerts de musique classique, la grâce des mouvements, la gamme des sentiments, la puissance des instruments.